Kering, le leader français des produits de luxe, a accepté de céder son unité cosmétique au géant du luxe L’Oréal pour un montant de 4 milliards d’euros (environ 4,66 milliards de dollars). Cette annonce marque un changement majeur sous la direction du nouveau PDG Luca Di Meo, qui cherche à s’attaquer au lourd fardeau de la dette et à recentrer les efforts sur les activités de base dans le domaine de la mode de luxe.
L’action Kering était en hausse de 5,5% à l’ouverture du marché le 20 octobre. Depuis la prise de fonction de M. Di Meo le 16 juin, l’action a enregistré une progression de 87 %. L’action Elloreal a augmenté de 1,4 % le même jour, reflétant une augmentation globale de 9 % au cours des 12 derniers mois.
Selon les termes de l’accord, Elloreal acquerra la ligne de parfums emblématique Creed de Kering. Elle aura également le droit de développer et de produire des parfums et des cosmétiques sous les marques emblématiques de Kering, telles que Gucci, Bottega Veneta et Balenciaga, grâce à une licence exclusive de 50 ans. L’accord n’entrera en vigueur qu’une fois finalisé, ce que les spécialistes prévoient pour 2028.
Kering souffre de la baisse de la demande sur le marché chinois, ainsi que de la crainte de nouveaux droits de douane américains. La dette accumulée a rendu les investisseurs nerveux, M. Di Meo ayant précédemment souligné que ses premières priorités étaient de réduire la dette et les dépenses inutiles. La dette nette de Kering a atteint 10,5 milliards d’euros à la fin de l’année dernière, soit une augmentation de 24 %.
Cette cession marque une étape cruciale dans la réduction de la dette nette de Kering, qui s’élevait à 9,5 milliards d’euros à la fin du mois de juin, ainsi que des obligations de location à long terme, d’un montant de 6 milliards d’euros, qui ont suscité de vives inquiétudes de la part des institutions financières.
La direction de la société cherche à enrayer le déclin de sa marque phare Gucci, dont le chiffre d’affaires a baissé de 25 % en glissement annuel au cours du dernier trimestre. Cette baisse a été attribuée à un ralentissement de la consommation en Chine, ce qui accroît la pression sur Kering pour qu’elle réduise sa dette et évite une détérioration de ses notes de crédit.
Cette décision est intervenue moins de deux mois après l’entrée en fonction de M. Di Meo en septembre, marquant l’un des changements stratégiques les plus importants que Kering ait connu ces dernières années, par rapport aux efforts de son prédécesseur François-Henri Pinault.
Cette décision contraste avec la vision précédente de Kering, qui a créé sa division beauté en 2023 après avoir acheté la marque haut de gamme Creed pour 3,5 milliards d’euros. L’objectif était d’élargir la gamme afin de minimiser la dépendance à l’égard de Gucci, qui contribue à la majeure partie des bénéfices. Toutefois, la division a enregistré une perte d’exploitation de 60 millions d’euros au premier semestre de l’année. M. Di Meo a annoncé aux actionnaires son intention de prendre des « décisions audacieuses » pour réduire la dette, y compris des mesures d’austérité et de restructuration si nécessaire.
Pour L’Oréal, première entreprise mondiale sur le marché de la beauté, il s’agit de la plus importante acquisition depuis celle de la marque australienne Aesop en 2023, pour un montant de 2,5 milliards de dollars. L’Oréal produit déjà des parfums populaires sous la marque Yves Saint Laurent après avoir acheté les droits à Kering pour 1,15 milliard d’euros en 2008.
À propos de Kering
Kering est un groupe de luxe français de premier plan. Ses marques emblématiques comprennent Gucci, Yves Saint Laurent, Bottega Veneta, Balenciaga, Boucheron et Alexander McQueen. Kering est également impliqué dans la production de lunettes par l’intermédiaire de Kering Eyewear (détenu à 30 % par Richemont), qui fournit des lunettes à ses propres marques et à d’autres entreprises.