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La contribution des Tunisiens vivant à l’étranger ne se limite plus à l’aspect émotionnel ou symbolique, mais s’est transformée en un pilier majeur de l’économie nationale. Selon les données de la Banque centrale de Tunisie, les transferts de fonds de la diaspora tunisienne atteindront environ 7,6 milliards de dinars en 2024, soit 6,5 % du PIB, dépassant ainsi les revenus du tourisme, longtemps considérés comme la première source de devises fortes.
Envois de fonds standard et utilisation limitée
A la mi-2025, le volume des transferts a dépassé les 4 milliards de dinars, confirmant la trajectoire ascendante de ces flux financiers. Malgré leur importance, ils sont majoritairement orientés vers la couverture des dépenses de consommation des ménages telles que le logement, la santé et l’assistance familiale, alors que la part des investissements productifs reste très limitée.
En 2021, la valeur des investissements directs de la communauté n’a pas dépassé 163 millions de dinars, représentant seulement 4% du total des investissements autorisés, ce qui soulève des questions sur la manière de canaliser cette richesse financière pour en faire un véritable moteur de développement économique.
Le talent des migrants devient une force pour l’innovation
La diaspora tunisienne représente un formidable capital humain et de connaissances, avec des compétences et une expertise dans de multiples domaines tels que les technologies modernes, l’agriculture durable et les industries traditionnelles orientées vers l’exportation. De nombreux entrepreneurs tunisiens à l’étranger réussissent à lancer des projets innovants ayant un impact économique et social, en capitalisant sur leur expérience internationale et leur lien affectif avec le pays.
Un nombre croissant de ces entrepreneurs choisissent de rentrer en Tunisie pour s’y installer ou pour collaborer à distance avec des acteurs locaux, favorisant ainsi les échanges et faisant de la diaspora une source de financement et d’innovation.
Initiatives visant à renforcer les partenariats
Pour renforcer les liens économiques avec la diaspora, plusieurs initiatives structurelles ont été lancées, notamment l’organisation du « Mois de la diaspora » chaque année entre le 15 juillet et le 15 août, sous l’égide de l’Association des diplômés tunisiens des grandes écoles (ATUGE) et de la Tunisian Global Talent Alliance (WATT).
Pour l’édition 2025, l’événement a vu l’organisation du Tunis Global Forum dans la capitale, ainsi que des réunions régionales dans les Etats de Sousse, Sfax, Kef, Djerba et Beja, réunissant investisseurs, experts et institutions publiques et privées.
Les principales activités sont les suivantes :
- Forums consacrés à l’investissement et à l’innovation.
- Rencontres directes entre les entrepreneurs et les banques.
- Ateliers visant à familiariser la communauté avec les opportunités d’investissement régionales.
Le gouverneur de la Banque centrale, Fathi Zuhair Nouri, a déclaré que les envois de fonds des Tunisiens à l’étranger représentent 30 % des réserves en devises fortes du pays. Il a annoncé le lancement d’une nouvelle plateforme numérique appelée « Exop », un portail unifié au service de la diaspora.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE) soutiennent également le programme Mobi-TRE, qui vise à accompagner les investisseurs de la diaspora au moyen de guides pratiques, de séances de mentorat et de webinaires consacrés à des projets durables.
De la nostalgie à l’action économique
La diaspora tunisienne n’est plus seulement un symbole d’appartenance, elle est devenue un élément stratégique dans l’équation du développement. Capable de revitaliser les régions de l’intérieur, de diversifier les sources d’investissement et de renforcer la résilience de l’économie nationale face aux crises, elle constitue une richesse stratégique qu’il convient d’investir au mieux.