Dans un geste extraordinaire pour contenir la colère populaire, le gouvernement péruvien a utilisé son équilibre des pouvoirs pour se préparer à déclarer l’état d’urgence après qu’un jeune homme a été tué et que des dizaines d’autres ont été blessés lors de vastes manifestations contre le crime organisé. Entre-temps, le président intérimaire a insisté sur le fait qu’il resterait au pouvoir, aggravant ainsi les tensions dans le pays.
La déclaration de l’état d’urgence couvrira au moins la zone métropolitaine de Lima en réponse aux récents troubles de rue, a déclaré le Premier ministre de transition Ernesto Alvarez aux journalistes à l’issue d’une réunion du cabinet jeudi.
La capitale Lima, ainsi que des villes du sud comme Arequipa, Cusco et Puno, ont été le théâtre de rassemblements massifs mercredi, exigeant qu’il soit mis fin à l’augmentation spectaculaire des meurtres et des extorsions perpétrés par des bandes criminelles organisées. Lors d’une grande manifestation organisée par le mouvement de jeunesse « Génération Z » mardi soir au cœur de Lima, un manifestant a été tué par balle, et le chef de la police a déclaré qu’un policier avait riposté après avoir été attaqué par des manifestants.
Le président Jose Jere, qui a pris ses fonctions il y a tout juste une semaine à la suite de la destitution de l’ancienne présidente Dina Polwarte, a exprimé ses profonds regrets pour la mort de la victime, et les autorités ont réitéré leur engagement à mener une enquête approfondie sur l’incident afin de déterminer les responsabilités.
Près de 100 personnes, dont 80 policiers et 10 journalistes, ont été blessées lors des récents affrontements, ce qui témoigne des tensions dans les rues.
Depuis des semaines, le Pérou est le théâtre d’une vague de manifestations accélérées visant la corruption endémique, l’effondrement de l’économie et la criminalité galopante. Les activistes de la « génération Z » ont commencé par une campagne visant à augmenter les pensions et les salaires, avant d’étendre leur action à la frustration collective engendrée par des décennies d’échecs gouvernementaux et de criminalité généralisée qui menacent la vie des citoyens ordinaires.