Parmi les trésors qui ont disparu des galeries du musée aux premières heures de dimanche, une pièce unique commandée par Napoléon III pour son impératrice Eugénie à l’occasion de l’exposition universelle de Paris en 1855 se distingue, faisant de sa perte un coup douloureux pour le patrimoine français.
Dans la liste des bijoux disparus du Louvre le 19 octobre au matin, la broche dite « Reliquaire » de l’impératrice Eugénie est peut-être la plus regrettable, avec ses « rosaces de diamants » qui sont « parmi les plus anciens diamants de la Couronne de France conservés au Louvre », explique Anne Dionne-Thienenbaum, conservateur en chef des œuvres d’art du musée, dans son ouvrage sur les diamants de la Couronne (Louvre-Faton).
Commandée par l’empereur Napoléon III, cette broche a été réalisée par le joaillier Pabst pour l’Exposition universelle de Paris de 1855, avec sept « roses » de diamants dans son corps. Les deux roses en forme de poire au sommet proviennent de la célèbre collection Mazarin, héritée de Louis XIV…
Le reliquaire : Un témoignage de la grandeur de l’époque impériale
Conçue pour être polyvalente, cette broche est un symbole de la créativité des joailliers de la seconde époque impériale. Le motif est composé de haut en bas : Une rose centrale entourée de sept diamants, flanquée d’un seul diamant, puis de quatre petits diamants en forme de poire, suivis d’un diamant triangulaire resserré avec des pendentifs en diamant, rejoints par un grand diamant ovale, et enfin, un diamant plat avec trois autres pendentifs en diamant. Le chaton est en argent doré, avec une petite chambre à l’arrière qui pourrait avoir été destinée à abriter des reliques sacrées, compte tenu de l’extrême religiosité de l’impératrice Eugénie.
Cette pièce est entrée dans les collections du Louvre en 1887, dans la collection des diamants de la Couronne, après avoir été vendue aux enchères publiques. Selon les experts, les mazarines des XVIIe et XVIIIe siècles, qui constituent un élément essentiel de la broche, représentent un héritage historique remontant au XVIIe siècle, lorsque Louis XIV les utilisait comme boutons pour son manteau d’uniforme. Leur perte est irréparable, car elles étaient exposées dans la salle Apollo, où le musée tenait à les présenter comme un exemple vivant de l’évolution de l’art royal de la joaillerie.