Les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Inde s’intensifient, New Delhi confirmant qu’elle continuera à acheter du pétrole russe, même si cela l’amène à faire face à des droits de douane supplémentaires de la part de l’administration Trump, dans une démarche qui reflète sa volonté d’assurer sa sécurité énergétique pour une population de plus de 1,4 milliard de personnes, alors que des rapports indiquent que les importations de l’Inde en provenance de la Russie ont atteint 44 % de ses importations totales de pétrole en juillet 2025, malgré la pression des États-Unis.
Selon la BBC, l’ambassadeur indien à Moscou, Vinay Kumar, a confirmé que son pays continuerait à acheter du pétrole « là où les conditions sont les plus favorables », ignorant ainsi les pressions américaines. Washington a imposé des droits de douane allant jusqu’à 50 % sur certains produits indiens, ainsi qu’une pénalité supplémentaire de 25 % liée aux importations de carburant et d’armes russes.
Le diplomate a qualifié cette mesure d' »injuste et injustifiée », soulignant que les décisions de l’Inde en matière d’énergie sont uniquement régies par les règles du marché. Le vice-président américain J.D. Vance a justifié ces mesures par la volonté d’exercer une « pression économique sur Moscou » afin d’accélérer la fin du conflit en Ukraine, tandis que le conseiller commercial de la Maison Blanche, Peter Navarro, a accusé l’Inde de financer la « guerre contre le terrorisme » menée par Modi par le biais de ces importations.
Les importations de pétrole russe sont en hausse Les statistiques indiquent que la dépendance de l’Inde à l’égard du brut russe se renforce. Les expéditions russes représentaient entre 35 % et 40 % des importations totales de pétrole en 2024, contre seulement 3 % en 2021 avant le déclenchement du conflit ukrainien, et 44 % en juillet dernier, malgré les critiques américaines accusant New Delhi de soutenir indirectement la guerre.
Les autorités indiennes justifient cette option par le fait qu’elle est pragmatique et qu’elle vise à obtenir des prix compétitifs pour répondre à la demande intérieure.
Indépendance stratégique Le ministre indien des affaires étrangères, Subramaniam Jaishankar, a qualifié la position américaine d' »hypocrite » : « Il est ironique que nous soyons blâmés pour des actions qui servent nos intérêts économiques, alors que Washington n’impose pas de sanctions similaires à la Chine ou à l’Union européenne, qui sont de grands importateurs de pétrole russe.
L’Inde insiste sur son « indépendance stratégique » et sur le fait qu’elle ne doit pas renoncer à son partenariat avec Moscou. Tout en maintenant des liens positifs avec l’Ukraine – le premier ministre Narendra Modi s’est rendu à Kiev en 2024 et le président Volodymyr Zelensky devrait se rendre à New Delhi – elle a évité de condamner publiquement la Russie.
Le président russe Vladimir Poutine devrait se rendre en Inde cette année, signe de la profondeur des liens entre les deux pays.
Un contexte mondial fragile Ces tensions surviennent dans un contexte économique mondial fragile, marqué par le ralentissement de la Chine, l’augmentation de la dette, la baisse de la consommation et l’escalade des politiques protectionnistes des États-Unis.
La position de l’Inde est considérée comme un test de sa capacité à concilier ses besoins énergétiques avec les pressions géopolitiques croissantes. En résistant aux pressions américaines, New Delhi souligne son rôle de puissance émergente qui refuse de se voir imposer des options.