Le procès de l’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, est l’une des affaires politiques et judiciaires les plus importantes de l’Afrique contemporaine et devrait avoir des implications majeures pour l’avenir du pays et de toute la région.
M. Kabila, qui est devenu président en 2001 après l’assassinat de son père au milieu de la deuxième guerre civile, a été traduit devant un tribunal militaire vendredi pour haute trahison. L’acte d’accusation porte également sur des meurtres, des viols et des tortures, dans des affaires liées à son soutien présumé au mouvement rebelle armé M23.
M. Kabila, qui s’est rendu à Goma en mai où il a rencontré des chefs rebelles, a refusé de comparaître devant le tribunal, exigeant d’être jugé par contumace. Il a qualifié le tribunal d' »arbitraire », affirmant que le procès était utilisé comme un « outil de répression politique », en référence à son rival et successeur au pouvoir, le président sortant Félix Tshisekedi.
Le gouvernement congolais a accusé M. Kabila d’orchestrer la violence organisée dans le pays et est même allé plus loin en l’accusant de tenter de fomenter un coup d’État contre le régime en place. Kabila s’en est pris aux autorités en place, qualifiant le régime actuel de « dictature » et dénonçant un « grave recul de la démocratie » dans le pays.
Rôle externe et influences régionales
Plusieurs rapports publiés par les Nations unies et d’autres organisations internationales ont accusé le gouvernement rwandais et le président Paul Kagame de soutenir le M23 financièrement et diplomatiquement, dans le but de déstabiliser le Congo. Cette accusation a encore compliqué la situation, surtout après l’annonce récente d’un fragile accord de cessez-le-feu entre les parties en conflit.
Juridiquement, Kabila bénéficiait auparavant d’une immunité en tant que sénateur, ce qui l’empêchait d’être poursuivi, même pour des accusations graves telles que la torture. Cependant, cette protection a été retirée, ouvrant la porte à des poursuites.
Division nationale et anticipation internationale
Le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Mwaya, n’a pas tardé à réagir aux déclarations de M. Kabila, les qualifiant de « calomnies » et affirmant que l’ancien président cherche à tromper l’opinion publique.
Le jugement dans cette affaire pourrait être fatidique, car il pourrait entraîner l’emprisonnement de Kabila pour une longue période, voire sa condamnation à mort, ce qui pourrait mettre un terme à ses ambitions politiques.
Le procès a été temporairement suspendu pour permettre de nouvelles consultations et reprendra le 31 juillet pour annoncer la décision finale, alors que l’on s’attend, au niveau local et international, à ce que l’issue de cette affaire puisse changer le visage de la politique en RDC pour les années à venir.