Les autorités algériennes ont gracié l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison pour menace à l’unité nationale, et l’ont autorisé à se rendre en Allemagne pour y terminer son traitement médical.
La décision a été prise après l’intervention directe du président allemand Frank-Walter Steinmeier, qui a réussi à convaincre son homologue algérien d’une opération humanitaire. Dans une déclaration officielle, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a annoncé qu’il avait « répondu positivement » à la demande de son collègue Steinmeier, qui s’est concentré sur l’aspect humanitaire, citant l’âge avancé de Sansal – 81 ans – et la détérioration de son état de santé, y compris son traitement pour un cancer de la prostate, et a suggéré de le transférer en Allemagne pour qu’il y reçoive des soins médicaux complets.
Le Premier ministre français Sébastien Lecorne a salué cette évolution lors de son discours au Parlement, la décrivant comme un « grand soulagement » pour les parties concernées et « le fruit d’une approche fondée sur le respect et la tranquillité ». Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait précédemment indiqué que Paris avait mené un « dialogue déterminé » avec l’Algérie pour parvenir à cette libération, malgré l’escalade des tensions diplomatiques entre les deux pays.
Sansal a été arrêté en Algérie le 16 novembre 2024 et sa condamnation à cinq ans de prison a été confirmée par la Cour d’appel en juillet 2025, sur la base des déclarations qu’il a faites dans une interview accordée à un média français d’extrême droite, dans laquelle il affirmait que l’Algérie avait hérité de territoires occidentaux qui appartenaient au Maroc pendant la période coloniale française. Ces propos ont été perçus en Algérie comme une remise en cause de la souveraineté territoriale et ont fait écho à des revendications historiques marocaines concernant les frontières.
Cependant, les efforts répétés de la France pour obtenir sa libération ont été vains, dans un contexte d’escalade des tensions entre Paris et l’Algérie. Depuis plus d’un an, les deux parties traversent une grave crise diplomatique sans précédent depuis l’indépendance, qui s’est traduite par l’expulsion de diplomates mutuels, le retrait d’ambassadeurs et des restrictions strictes en matière de visas pour les diplomates.